[p 294] ...Marthe part au début de mars 1920, pour la Suisse... Quinze jours à peine après son arrivée à Paris, elle apprend le suicide de Mme Lahovary, le 16 avril 1920, dans les toilettes de la gare de Lausanne, nouvelle tragédie sobrement notée dans son Journal, sans aucun commentaire....

[p 295] Marthe nourrit d'autres ambitions. A trente-quatre ans, libre de son cœur, indépendante sur le plan matériel, elle peut encore envisager l'avenir avec confiance, avec l'espoir d'autres [p 296] aventures, intellectuelles ou sentimentales. Signe de cet extra-ordinaire destin auquel, depuis son enfance, elle n'a cessé de croire, un appel téléphonique la réveille un matin, au Ritz de Londres, où elle séjourne. Le réceptioniste lui annonce le duc de Tolède, titre sous lequel Alphonse XIII, si facilement reconnaissable, s'imagine voyager incognito.

- Georgette, est-ce que vous me reconnaissez? demande la voix.

Il est assez piquant que le roi l'ait baptisée Georgette, en hommage à ce mari lointain qu'elle va cette fois encore tromper avec d'autant moins de remords qu'il s'agit d'un monarque. Celui-ci, en effet, précise ses intentions san équivoque possible: "Voulez-vous être à moi... Tout à fait?" Pour une fois elle n'est pas en retard au rendez-vous fixé par le souverain: à dix heures et demie, elle est sous les armes et se rend au vainqueur. Dans son Journal, à la date du 9 juillet 1920, elle relate pudiquement cette capitulation par cette seule phrase: The whole day with the thought. The fact, then.